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Jacques
Mayol, l'homme dauphin, a dit adieu au grand bleu
ROME, 23 déc (AFP) - Jacques Mayol, l'homme dauphin immortalisé dans le film culte "Le Grand Bleu", a mis fin à ses jours samedi dans sa petite maison de Calone, sur l'île d'Elbe, en Italie, où il vivait depuis près de 30 ans. La disparition du célèbre plongeur français et les tragiques circonstances de sa mort à l'âge de 74 ans ont consterné ses proches et ses amis. Jacques Mayol s'est en effet pendu samedi, laissant une lettre demandant à être incinéré et à ce que ces cendres soient dispersées en mer. La cérémonie est prévue dans les prochains jours à Livourne, sur la côte toscane, à 300 km de Rome. Incompréhension, incrédulité et un peu de mauvaise conscience transparaissaient dans les premières réactions à l'annonce de sa mort. "Je l'avais vu pour la dernière fois il y a deux mois, chez lui, dans sa maison de l'île d'Elbe, et je l'avais trouvé déprimé", a ainsi raconté le plongeur italien Umberto Pelizzari, titulaire du record du monde de plongée libre en apnée réalisé le 3 novembre avec une descente à une profondeur de 131 mètres. "Je savais qu'il ne se sentait pas bien depuis plusieurs mois. Il disait se sentir seul, mais jamais je n'aurais pensé qu'il en arrive à un tel geste", a-t-il ajouté. "Je le considérais comme mon maître", a-t-il commenté. "J'ai chez moi un vieux livre écrit par lui, intitulé +L'Homo-Delphinus+ qu'il m'a dédicacé avec ces mots: Je te laisse le soin, mon dauphin, de continuer sur cette voie". Jacques Mayol a ouvert la voie à de nombreux plongeurs libres, dont la discipline n'est pas reconnue. Il est ainsi descendu à 60 mètres en 1966, à 100 mètres en 1976 et à 105 mètres, son record, en 1983, établi à l'âge de 56 ans. Sa geste et sa rivalité avec l'Italien Enzo Mayorca ont inspiré au cinéaste français Luc Besson "Le Grand Bleu", devenu un film culte après sa sortie en 1988. Le personnage de Jacques Mayol est interprété par le comédien français Jean-Marc Barr et celui d'Enzo Mayorca par Jean Reno. Né à Shanghai en 1927, Jacques Mayol avait découvert les fonds marins sur les côtes japonaises où il passait ses vacances. Il avait conservé de cette période une passion pour ces régions et avait effectué un séjour au Japon trois mois avant sa mort. Mais la rencontre de sa vie, il l'avait faite en 1955, au Seaquarium de Miami (Etats-Unis), avec Clown, une femelle dauphin, mère de Flipper, la vedette du célèbre feuilleton télévisé des années 60, racontant l'amitié entre un dauphin et des enfants. "J'ai tout appris de Clown, à retenir mon souffle de plus en plus longtemps sans hyperventilation préventive, à me faire bercer par le mouvement de l'eau, à m'y intégrer totalement", dira-t-il. De fait, quand il plongeait, Mayol surprenait les scientifiques, car son rythme cardiaque passait de 70 à 20 pulsations/minute, phénomène qui aurait dû provoquer une syncope. Installé sur l'île d'Elbe à partir de 1973, il avait ouvert la voie aux recherches médicales sur l'adaptation de l'homme au milieu marin. Il avait épousé en 1989 l'éditrice marseillaise Jeanne Laffitte et avait publié plusieurs ouvrages, notamment "L'Homo-Delphinus" (1986) et un roman "Les dix rois de la mer" (1989). Le président français Jacques Chirac lui a rendu hommage dimanche soir. "Par son talent exceptionnel, Jacques Mayol avait su exprimer avec justesse l'aspiration de toute une génération pour un monde qui donne toute sa place à la nature, à la beauté, à l'harmonie", a déclaré le chef de l'Etat français dans un communiqué. "Visionnaire, Jacques Mayol restera pour +la génération Grand Bleu+ comme le symbole d'une quête d'absolu, d'équilibre, d'éternité", a-t-il ajouté. 23/12/01 18:36 - INFO AOL |